Origine des Jardins du Loriot

L'ensemble des Jardins du Loriot constitue aujourd'hui un parc anglo-chinois contemporain. Leurs premiers espaces ont été créés au tournant du XXIe siècle. Ils s'inpirent de la nature, de l'esprit des jardins pittoresques imaginés à la fin du XVIIIe siècle en France, eux-mêmes influencés par les jardins anglais et des jardins de la Chine ancienne.

L’histoire naturelle du parc

A partir d’une parcelle de bocage située en limite de Venansault, Landeronde et Les Clouzeaux, les créateurs ont eu l’opportunité d’acquérir  6 hectares d’un seul tenant de prairies naturelles et d’une terre labourable enclavée. Rien ne disposait ces espaces à devenir un jardin, tout au plus un parc arboré contenu entre les haies ceinturant chaque parcelle. Un chemin creux inondé jusqu’en juillet, aux lignes incurvées, traverse le domaine. De l’histoire paysanne, les plus anciens se souviennent qu’il fallait remplir les ornières de fagots pour passer, très rarement, avec une charrette attelée à 6 bœufs. Sans idée de parc ou de jardin préconçue, les jardiniers ont fait creuser un étang central d’un hectare, là où se trouvent des sources. L’objectif fut fixé de conserver le plus grand nombre des arbres et arbustes installés dans les talus, de préserver l’essentiel de la flore existante, de recourir uniquement aux engrais organiques tout en évitant les désherbants chimiques et pesticides.

Un « wild garden » 

Les Jardins du Loriot  sont le reflet des sensibilités des concepteurs, de leurs relations familiales et humaines, et de leur  rapport à un environnement à préserver. dans un soucis d'économie des ressources et de partage du bien commun.

Pourquoi Les Jardins du Loriot ? Depuis des siècles, un couple de  loriots revient toujours ici pour assurer sa descendance. Il symbolise le bonheur de vivre en famille.

Cet aventure humaine était sans doute improbable dans son aboutissement : en bas du domaine l’épaisseur de la terre arable n’atteint pas 7 cm. Sous ce limon probablement jamais cultivé, l’argile jaune, verte et blanche ne livre pas ses secrets à qui ne l’aime pas, ne l’apprivoise pas en la cultivant avec patience et compréhension.  La structuration et la réalisation se sont faites en plusieurs étapes sur une période allant de 1997 à ce jour. La phase des dix premières années fut lente. Mais propice à la réflexion et l’approfondissement des connaissances du terrain. il était prudent de ne pas se laisser séduire par un plan élaboré et figé comme celui d’une construction. Dans un premier temps le choix a été fait d’implanter des bambous rustiques pour compléter les nuances et contrastes des tonalités vertes des arbres existants. L’écriture d’articles sur l’histoire des chasseurs et spécialistes de bambous (cf. « Jean Houzeau de Lehaie » dans Wikipedia)  ont permis aux créateurs  de rencontrer en Europe les descendants de ces botanistes. Le Bambusetum Jean Houzeau de Lehaie, rassemble une collection de 140 variétés rustiques, première composante des Jardins du Loriot. L’aventure s’accélère en 2009 avec l’ouverture des jardins au public. Vladimir leur fils cadet, de formation paysagiste a souhaité s’investir dans le projet. Les jardinistes ont défini des collections de plantes à acquérir : viburnums, cornus, quercus, salix, sambucus… et autres végétaux rares. Monique a sélectionné et implanté  des collections d’ hortensias, de camélias, de rhododendrons, de fuchsias, de dahlias et de rosiers sans oublier vivaces et graminées. Pour réussir les travaux paysager il ont   « horticulté avec rage », en famille, comme le faisait Monet à Giverny. Les archives de Jean Houzeau leur ont révélé, soit dit au passage, ses relations avec des personnalités telles que Bory Latour Marliac, grand collectionneur de bambous et célèbre hybrideur de nymphéas, et Claude Monet. Elles sont à l’origine de la création de plusieurs bassins de nymphéas, dont un buffet en eau de six grandes vasques en forme de demi-lune. Ils évoquent l’amitié inaltérable et devenu légendaire entre C. Monet et G. Clemenceau… Les jardins d’eau, fleuris grâce à 70 variétés de nympheas (nénuphars) et de nelumbos (Lotus) exigent au passage un entretien constant pour obtenir des floraisons abondantes et exceptionnelles.

  Un jardin anglo-chinois

Au début des années 70,  Jacques Chaplain à eu  l'opportunité de préparer et  soutenir un mémoire de DES de sciences politiques sur le bouddhisme theravada et la vie politique et sociale en Birmanie depuis  de son indépendance.  Puis, au fil des ans, Jacques et Monique Chaplain ont élargi leurs connaissances dans le domaine des arts et des cultures de l’Asie du Sud Est et de la Chine. Ils ont découverts plus récemment la richesse végétale de la Haute Birmanie et celle des  marches du Yunnan. Ce qui les a conduits à s'intéresser aux missionnaires et explorateurs botanistes de ces régions (création du Circuit des Explorateurs). Les Jardins du Loriot témoignent également de cette passion pour les jardins chinois  ! Le kiosque pagode ou "pavillon de la clarté céleste"  près du jardin potager et le jardin de Sima Guang en est l'illustration. La création d'un pagodon birman abritant un bouddha en position « prise de la terre à témoin » constitue un ensemble décoré  à partir d’éléments sculptés dans le marbre et le bois par des artisans de Mandalay et agrémenté de magnifiques mosaïques de verre.

Le jardin de Bali, autour d’un bassin de lotus, est composé de plusieurs statues de représentations hindouistes en pierre volcanique finement ciselées en Indonésie. Le jardin de Java avec ses 4 stupas ajourés, rappel du temple de Borobudur, s’intègre aussi dans les massifs de dahlias, de roses et de cannas. L’entretien constant des jardins d’eau, de la partie orientale et de 2500 variétés de plantes répertoriées ont nécessité l’embauche d’un deuxième jardinier.

Tous les édicules qui constituent une des caractérisitiques des Jardins chinois ont été conçus avec Patrice Lucas, Président de l'Association des Amis des Jardins du Loriot.
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Le parc est conçu dans l'esprit des jardins anglo-chinois qui s'est développé au XVIIIe à partir des témoignages des missionnaires en poste en Chine mais aussi des voyageurs de l'époque qui se sont émerveillés des jardins chinois de l'époque. Le pont Moulin-jolly reconstitué aux Jardins du Loriot à partir d'une gravure d'époque peut être considéré comme le symbole d'un des premiers jardins pittoresques, au plus près de la nature, créé sur l'ïle Marante par C. H. Watelet. Influencé par le jardin de Sima Guang, C. H. Watelet a montré dans son jardin de Colombes et démontré dans son "Essai sur les Jardins" la richesse  des jardins naturalistes : non seulement ils sont de nature à stimuler l'imaginaire des visiteurs mais aussi aussi ils constituent un refuge ou mieux l'écrin d'un nouvel art de vivre !

 

 Et que les clochettes continuent à tintinnabuler…

Cet art de vivre à la campagne, en marge des rumeurs de la ville n'est donc pas nouveau. Watelet en s'installant sur une des Iles Marantes, à quelques lieues de Paris, voulait échapper à la chaleurn, aux odeurs, aux bruits et à l'effervescence de Paris.  La reine Marie-Antoinette,  en son Hameau,  inspirée par le style champêtre de  Moulin-Joly, ne voulait-elle pas prendre de la distance avec les contraintes de  la Cour ?  En ouvrant les Jardins du Loriot au public, les créateurs à l'instar de Sima Guang au XIe Siècle au plein coeur de Luoyang (capitale des Pivoines)  et de Watelet à Moulin-Joly n'ont d'autre but que celui  faire partager une manière d'être en résonance  avec la nature  et un patrimoine naturel entretenu dans la perspective  de le léguer tel quel aux générations futures. Il ont  fait un rêve, il  s'accomplit  et  espérent que les ombrelles et campaniles qui coiffent les petits édicules puissent encore longtemps tintinabuler au moindre souffle du zéphir.

Quelques articles publiés à propos des Jardins du Loriot