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21 - Le chemin vert de la Renaîtrie

Résumé

Dans ce grand chemin creux bordé de chênes se niche le souvenir d'un passé simple au cours duquel les paysans avaient l'occasion de conduire non sans mal des tombereaux tirés par plusieurs boeufs parmi de profondes ornières qui étaient comblées de fagots. Cette mémoire locale dans un environnement préservé se croise avec  le souvenir du Chemin vert de la Renaîtrie, là où le créateur du parc a peut-être nourri dans son enfance le rêve d'un jardin au plus près de la nature.

La Renaîtrie est le temps où la nature renaît, c’est-à-dire le printemps. Ce chemin est précédé d'une rue du même nom. En face de la maison parentale, un architecte avait  planté un magnifique bambou qu'il avait prélevé chez son père résidant  non loin de la Vienne. C'est bien plus tard  que je sus son nom botanique : Phyllostachys viridiglauscens. Plusieurs années après, ce grand et magnifique bambou s'était invité dans un terrain laissé à l'abandon, lieu préféré de jeux rustiques (construction de cabanes en bambou, petits souterrains, lancement de boules de terre, acrobaties et lectures dans le cerisier bigareau ...) et d'amitiés des enfants du quartier ! Le premier bambou du parc vient donc de la rue de la Renaîtrie !

Rêveries d'un enfant de la Renaîtrie

Le chemin vert de la Renaîtrie se situe à Châtellerault entre le Château du Verger  et le lieu dit "Le chant des oiseaux". Ce chemin du Haut Poitou était à deux pas d'une petite carrière de sable sur les parois desquelles des hirondelles des dunes avaient creusé leurs nids. Des visiteurs venus de Châtellerault habitants près du lieu dit  "Le chant des oiseaux" m'ont appris, au cours de l'été 2020, qu'un peu plus haut il y avait aussi un "Champ des oiseaux".

La Renaîtrie semble être un nom unique  dans les toponymes français . A n'en pas douter il est synonyme de renaissance. Lieu plein d'espérance et de réconfort. Il est possible de faire une douce analogie également avec l'époque de la Renaissance.

En cherchant un peu autour du thème  "Chants des oiseaux", j'ai eu la chance de redécouvrir que l'auteur du "Chant des oiseaux" était châtelleraudais Clément Janequin est un compositeur de musique majeur de la Renaissance. Au sortir du Moyen-Age il témoigne bien de l'esprit  Renaissance.

LES JARDINS DU LORIOT, PARADIS DES OISEAUX ET DES FLEURS DES CHAMPS

Cette simple analogie  relalive au chant des oiseaux ou aux fleurs des champs  illustrent dans quel sens cette partie des Jardins du Loriot est composée. Le chemin vert de la Renaîtrie est un hymne poétique   aux "Herbes et Fleurs" qui poussent naturellement dans les  champs et parcelles de bocages. Ils peuvent être nos amis fidèles capables de compréhension. Je vous invite à écouter cette chanson  à 4 voix de Clément Janequin. Elle reflète  bien le miroir des âmes  des différents règnes : végétal,  animal, humain et l'appel du poéte  aux oyseaulx pour qu'ils  intercèdent auprès d'un petit dieu. Comme dans la poésie chinoise la nature est une grande consolatrice pour qui l'aime bien.

Herbes et fleurs
Herbes et fleurs et vous, près verdoyants,
Arbres, buissons, petits et grands bocages,
Plaines et monts et fleuves verdoyants,
Oiseaux jolis qui selon vos ramages,
Allez pleurant votre deuil langoureux,
Si l’un de  vous connaissez d’aventure,
Ce petit dieu qui me rend douloureux,
Déclarez lui la peine que j’endure.

Ce qui est saisissant dans ce texte c'est le dialogue du poète avec Dame Nature composée d'être vivants qui cohabitent sur terre. Avec beaucoup de respect, le poéte vouvoie la nature  : VOUS, PRES VERDOYANTS...

 

En ayant fait le choix du loriot, les concepteurs et jardiniers des Jardins du Loriot expriment leur sensibilité   à la musique et à l'harmonie du chant des oiseaux.

En écoutant le chant des oiseaux on  peut imaginer  Clément Janequin enfant (et enfant de choeur à la célèbre psalette de Notre-Dame à Châtellerault)  parcourant les champs de  la plaine d'Ozon, parmi herbes et fleurs,  pour se rendre là où ses parents avaient des propriétés rurales et jardins de même qu'à Thuré. La traversée de la Vienne par le bac puis de la forêt pour rejoindre Thuré lui a sans doute procuré aussi l'occasion de s'éveiller à l'harmonie et la cacophonie du chant des oiseaux.
 

LE RECONFORT QUE NOUS APPORTE LA NATURE

Clement Janequin et ses contemporains ont vécu une période difficile de notre histoire (période de la Réforme, de pandémies, de guerres). Il faut saluer la constance du moral réconfortant des poètes et artistes témoins de leur époque :  chez Rabelais (que Janequin a probablement rencontré en 1528), du Bellay, Baillif, Marot, Ronsard et tant d'autres, on retrouve aussi dans toutes leurs oeuvres  le goût de la nature, de la vie de tous les jours faites de joies simples.

En cette période d'incertitude sur l'évolution de notre planète, les Jardins du Loriot se veulent,  un réconfort dont chacun a tant besoin.

Texte original  de la chanson "Le chant des oyseaulx" et extrait de la Chanson par la Chorale Clément Janequin

Clément Janequin a honoré avec talent les oiseaux avec son Chant des oiseaux qui deviendra rapidement une  de ses oeuvres les plus connues (1525).  "Le premier couplet traite des oiseaux en général, le deuxième de l'alouette ainsi que ponctuellement du merle et de l'étourneau. Le troisième couplet, le plus développé, se centre sur le chant du rossignol. Le dernier est consacré exclusivement au coucou." (Jacques Barbier). Tout cela est charmant, amusant, buccolique... Mais il est possible d'observer dans la version longue de la chanson que le parolier  passe discrètement d'une créative et joyeuse imitation de la faune ailée à une satire : avec talent le chapelain Janequin entend que sa place chez son mécène bordelais ne soit pas usurpée par un coquin de nonain, qui semble user de ses charmes ! d'où l'ampleur et la vigueur de la charge des  onomatopées des derniers couplets consacrés au COUCOU.

Resveillez vo' cueurs endormis,
le dieu damours vous sonne.

A ce premier iour de may
oyseaulx feront merveilles
pour vo' mettre hors desmay* (*d'émoi = hors de vos tourments)
destoupez* voz oreilles (*ouvrez grands vos oreilles)
et farirariron fere ly ioly

vo' serez to' en ioye mis
car la saison est bonne.
chacun s'i habandonne.

Vo' orrez* a mon advis (*entendrez)
une doulce musique
que fera le roy mauvis*(*la petite grive)
le merle aussi, lestournel* sera parmy (*un étourneau sansonnet)
dune voix autentique
ty ty piti pyti
chou chou chou thy thouy
que dy tu tu di
le petit sansonnet de paris
saige courtois et bien apris
sus madame a la messe
le petit mignon saincte teste dieu
le petit sansonnet dan din
quest las bas passe vilain
quio quio le petit mignon
il est temps daler boire
il est temps au sermon ma maistresse
Guillemette Collinette petite
saincte coquette qui caquette
a saint trotin voir saint robin
monstrer le tetin
le doulx musequin*(*néologisme créé pour les besoins de la rime = museau = frimousse)

Rire & gaudir* cest mon devis (*se réjouir)
chacun si habandonne.

Rousignol du boys ioly
a qui la voix resonne
pour vo' mettre hors dennuy
vostre gorge iargonne* (* gazouille)
frian frian tr tar tar tu (probablement expressions de dégoût)
velici ticun tu tu *(*vois-le ici [ce] petit con)
qui lara fereli fi fi*(*qui l'aura  celui qui fait fi des autres c'est-à-dire qui les méprise)
coqui oy ty trr*(*cocu, où es-tu - coqui= coucou, l'oiseau qui pond dans le nid des autres à leur insu et pour son unique profit)
frian fi ti trr tycun
quio fouquet* fi fi frr (*fouquet= diminutif de l'ancien français floc, floche (= mèche, houppe, panache, surnom probable pour celui qui a une mèche ou une houppe. Janequin une nouvelle fois en dérision "Guillemette Colinette" non seulement elle montre son tétin et son musequin, mais elle est affublée d'une houppe !)

Fuiez regretz pleurs et souci
car la saison est bonne.

Arriere maistre coqu
sortez de no' chapitre* (*discussion, assemblée)
chacun vo' est mal tenu
car vo' nestes quun traistre
coqu coqu coqu coqu
par traison* en chacun nid (*trahison)
pondez sans quon vo' sonne.

Reveillez vo' cueurs endormis
le dieu damours vo' sonne.

Sources consultées

Ouvrage collectif : "Clément Janequin un musicien au milieu des poètes", editeur Société Française de Musicologie", 2013, 504 p.JacquetteCJannequinunmusicien

CdchantDesOiseauxJacques Barbier : Clément Janequin (v. 1485-1558), Le chant des oiseaux, deux versions (longue en plusieurs partie et courte en une seule partie), restitution et préface de l'auteur. Editions à coeur joie. Série Renaissance.

Clément Janequin (v. 1485-1158), Herbes et fleurs et vous, prez verdoyants, collection musicales en format numérique - Polyphonies vocales de la Renaissance, ed. numérique (2017).

Les extraits musicaux de "chant des oiseaux" et des  'Herbes et fleurs" sont issus du Cd Chant des Oyseaulx - de l'Ensemble Clément Janequin, direction Dominique Visse, édition Harmonia Mundi.

 

 

Description des massifs

Les massifs ont été conçus dans un chemin creux qui n'était praticable qu'en été. Il fallait encore au début du XXième siècle, une charette attelée à 4 bœufs pour y passer en dehors de l'été, après avoir jeté des fagots dans les ornières. Il est bordé principalement de chênes pédonculés (Quercus robur). D'autres chênes asiatiques sont venus en remplacement après des  tempêtes devastatrices et/ou d'atteinte avancée provoquées par les capricornes.

La digue de l'étang  a été  enrochée pour réaliser des vasques ou grandes jardinières. Les plus grosses pierres sont en grès rose venant des Clouzeaux et pèsent jusqu'à  2 tonnes. Les autres sont en granit et proviennent de Beaulieu-sous-la-Roche.

Hydrangeas (vanille fraise, paniculata Kyushu...)

Rhododendrons (Sneezy, Albert Schweitzer...)

Conifères nains (podocarpus, cryptomerias...)

Fougères

Fargesia, Yushania...

A droite du chemin :

Elle débute par une magnifique pierre en grès rose, ondulée et creusée d'une marmite d'érosion, servant de baignoire pour les oiseaux en période de pluie.

Collection de Fargesias, Yushanias, primevères (dont le Primula veris), roses de Noël, hydrangeas...

Au milieu de ce chemin en léger arc de ciel, vous pouvez vous arrêter à la Balise chinoise n° 3 dédiée au missionnaire botaniste André SOULIÉ, près du rosier qui porte son nom.

English

01-

Deutsch

Zusammenfassung

21- Der grüne Weg der "Renaîtrie" (Wiedergeburt)

Die "Renaîtrie" ist die Zeit, in der die Natur wiedergeboren wird, d.h. der Frühling. Es ist der Name eines Weges, der in Châtellerault (Vienne) in Poitou existiert, wo der Gründer des Parks geboren wurde. Dort lernte er dieses riesige Kraut namens Bambus kennen. Chinesische Bake Leuchtfeuer Nr. 3 für den Botaniker-Missionar André SOULIÉ.

 

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